NOS 10 RECOMMANDATIONS

  • Affecter au moins 15% du budget national au financement d’un secteur de la santé publique gratuit, permanent, universel et de qualité pour réduire l’écart entre les plus riches et les plus pauvres en matière d’accès aux soins.
  • Soutenir les efforts déployés pour rétablir des services publics de soins de qualité dans les régions frappées par des conflits et l’insécurité (directement, ou parce que ces régions accueillent des populations déplacées) et porter une attention particulière aux régions du Sahel, de la Boucle du Mouhoun, de l’Est et des Cascades en augmentant significativement leurs budgets de services essentiels (EHA, santé et nutrition, moyens d’existence, sécurité alimentaire et protection).
  • Adopter des programmes de protection sociale universelle ancrés sur un registre social unique, qui reçoivent des financements adéquats et qui profitent principalement aux personnes les plus démunies et à la marge du système de santé, les femmes, les personnes en situation de handicap et les populations rurales.
  • Rendre opérationnelle l’Assurance Maladie Universelle tout en l’élargissant à toutes les régions du Burkina Faso au profit de toute la population du milieu rural comme urbain.
  • Face à la covid-19, augmenter de façon massive et urgente les prestations de protection sociale, en accordant des programmes de transferts en espèces ou en nature à grande échelle pour les couches les plus vulnérables, les travailleurs et travailleuses du secteur informel et ceux qui ont vu leur revenu suspendu, y compris les personnes déplacées et les communautés hôtes, ceux des zones rurales et des communautés urbaines les plus démunies.
  • Affecter 30% du budget national à l’éducation pour garantir le renforcement de l`éducation publique universelle, gratuite, de qualité et inclusive ; en insistant particulièrement sur l’amélioration de l’accès de toutes et de tous à l’éducation préscolaire, l’éducation formelle et non formelle, l’enseignement et la formation technique et professionnelle sur l’ensemble du territoire nationale, y compris les enfants vulnérables, et renforcer l’accès des filles au niveau post-primaire, secondaire et supérieur.
  • Appliquer les textes de l´Etat rendant l’école obligatoire jusqu’à 16 ans particulièrement dans les zones à fort taux de site d’orpaillage et dans les zones affectées par la crise sécuritaire.
  • Soutenir les efforts déployés pour rétablir des services publics d’éducation de qualité dans les régions frappées par des conflits et l’insécurité (directement ou parce que ces régions accueillent des populations déplacées) en allouant plus de budget pour l´éducation, pour faire de la réouverture des plus de 2.500 écoles fermées en raison de l’insécurité, une réalité.
  • Face aux pertes en recettes fiscales et l’impact de la covid1-9, le pays doit instaurer de façon immédiate un impôt d’urgence et de solidarité sur le patrimoine net des grandes fortunes (5% d’impôt net sur la fortune des 5% les plus riches de la population) afin de financer la réponse à la crise socio-économique du coronavirus de façon urgente et rapide.
  • De façon progressive, il faut élargir l’assiette fiscale en vue d’améliorer les ressources propres de l’État et augmenter l’équité du système fiscal : créer de nouveaux impôts additionnels tels que l’impôt écologique sur l’exploitation des ressources naturelles, l’impôt sur la fortune, l’impôt sur la propriété, et réduire le poids des taxes sur la consommation (TVA) des biens de premières nécessités, qui ont tendance à pénaliser de façon disproportionnée les personnes les plus démunies.
  • Formaliser le secteur informel en vue d’imposer à la hauteur de leurs gains les grands opérateurs économiques qui s’y cachent.
  • Appliquer scrupuleusement la loi qui consacre le paiement de 1% du chiffre d´affaire de l´or pour alimenter le fonds minier de développement local.
  • Il faut identifier les entreprises qui ont réalisé des profits plus élevés qu’en période hors pandémie et promulguer un impôt exceptionnel sur ces profits ; refuser le soutien public à des entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale et conditionner tout soutien public à la publication par les entreprises d’informations sur les impôts qu’elles payent et leurs activités dans chaque territoire où elles opèrent.
  • Suspendre le paiement de la dette prévu en décembre 2020 afin de créer une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour éviter l’effondrement économique du pays.
  • Assurer la participation active de la population et de la société civile pour s’assurer que les mesures fiscales soient utilisées en réponse à la pandémie et crise postcovid19 selon des mécanismes équitables.
  • Intégrer les travailleuses et les travailleurs du secteur informel et les producteurs et productrices agricoles dans les régimes et les mécanismes d’assurance sociale.
  • Instaurer une politique nationale de l’emploi qui garantit les opportunités et les droits au travail, salaires dignes, la santé et la sécurité au travail, et qui répond aux besoins des collectifs les plus démunis, et en particulier, au besoin des jeunes et femmes ruraux, les plus frappés par le sous-emploi, l’informalité et la précarisation.
  • Encadrer adéquatement l’exploitation artisanale de l’or en application des loi 028-2008/AN et loi 029-2008 portant Lutte Contre La Traite Des Personnes Et Les Pratiques Assimilées et le décret n°2016-504/PRES/PM/MFPTS/MS/MFSNF du 9 Juin 2016 portant détermination de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants.
  • Affecter au moins 10 % du budget national au soutien du secteur agricole surtout dans les secteurs productifs, et allouer 30 % du budget du secteur agricole au sous-secteur de l’élevage, et injecter au moins 18 milliards CFA par an pendant 5 ans pour l´acquisition des intrants et équipements agricoles et zootechniques.
  • Etendre à toutes les communes rurales les services fonciers ruraux fonctionnels dotés de moyens humains et financiers pour l´accès et la sécurisation des terres rurales aux exploitations familiales, aux jeunes, aux femmes aux éleveurs et pasteurs.
  • Opérationnaliser les dispositions du code général des collectivités territoriales qui stipulent que le territoire de la commune rurale comprend un espace d’habitation, un espace de production et un espace de conservation.
  • Opérationnaliser le Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE) dans l’ensemble des 13 régions du Burkina Faso particulièrement dans les régions du Sahel et de l’Est.
  • Accompagner les collectivités territoriales à intégrer les Plans Nationaux d’Adaptation dans leurs plans locaux de Développement, avec une participation réelle des femmes, jeunes et autres groupes marginalisés, afin de garantir que ces plans intègrent leurs besoins différentiés.
  • Impliquer les acteurs locaux du secteur dans l’élaboration de la stratégie nationale de promotion de l’Agroécologie.
  • Faire converger de manière acceptable le droit coutumier avec le cadre législatif en vue d’éradiquer les inégalités en matière d’héritage et d’accès à la terre et autres moyens de production.
  • Mettre en place des campagnes de sensibilisation et de dialogue entre les différentes communautés pour faire converger de manière acceptable le cadre législatif et le droit coutumier en matière d’héritage et d’accès à la terre.
  • Mettre en œuvre et soutenir les actions de promotion des ressources productives et formatives au profit des femmes (crédit adapté, technologie adaptée, accès à la terre, aux intrants, eau, assainissement et énergie) y compris le renforcement des capacités des femmes leaders sur des thématiques diverses (gestion des crédits, la participation politique, entreprenariat, organisations en coopératives des femmes suivant la réglementation OHADA, etc.).
  • Appliquer la loi portant fixation du quota genre de 30% révisée en janvier 2020 pour une participation et une représentation des femmes dans les instances électives et nominatives.
  • Opérationnaliser la loi portant accès à l’information à travers l’adoption d’un décret d’application.
  • Renforcer l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE/LC) en allouant des ressources (humaines, matérielles, financières, législatives, etc.) pour mener à bien sa mission de lutte contre la corruption jusqu´au niveau local.
  • Renforcer la transparence sur la gestion des ressources publiques à travers la fourniture d´informations justes aux citoyens et la culture de la redevabilité, en vue d’inciter les contribuables à plus de civisme fiscal et renforcer les relations entre gouvernants et gouvernés.
  • Positionner les organisations de femmes et de jeunes dans les instances politiques et techniques des cadres sectoriels de dialogue du référentiel national public par la prise de degré et nommer les femmes (30%) et les jeunes (30%) à des postes stratégiques et de décisions (Ministre, DG et président-e d’institution).
  • Réviser la Loi 044 – Article 312, alinéa 14 du code pénal, de manière à garantir la liberté d’expression des citoyens et devenir un vrai contrepoids démocratique dans le contrôle de l’action de l’État.
  • Mettre la protection de toutes les populations au cœur de toutes les interventions humanitaires en : 1) mettant en place des mesures claires de prévention des abus et des violences ; 2) mettant en place des systèmes et mécanismes sûrs et anonymes d’alertes et de recours/plaintes pour les populations victimes de violences; 3) en assurant un accès à une justice effective, équitable et rapide pour les victimes d’abus et de violences et en assurant une protection effective de ces victimes/survivant(es) ; 4) en assurant une prise en charge effective et spécifique des besoins et vulnérabilités des femmes et des jeunes.
  • Renforcer les capacités des acteurs locaux en vue d’un leadership humanitaire local pour une réponse plus sûre et adaptée qui permet la continuité des services essentiels malgré les conditions d’accès limité. Cela passe par une meilleure implication et promotion du leadership des communautés et acteurs locaux à tous les stades des réponses, ainsi que par la mise en place d’un dialogue effectif et continu entre les communautés affectées et les acteurs humanitaires.
  • Favoriser les programmes humanitaires de type transferts monétaires et renforcer les mécanismes de protection sociale qui permettent de réduire la dépendance des personnes vulnérables vis-à-vis de la communauté et de l’aide humanitaire.
  • S’engager à réévaluer les politiques de gestion des ressources et services de base ainsi que l’impact d’une gestion inéquitable sur les conflits et mettre en place des politiques de gestion de l’eau plus équitables, inclusives et sensibles aux conflits.
  • Promouvoir des initiatives de paix inclusives au niveau local et national qui permettent de gérer de façon pacifique et équitable les conflits/différents et tensions au sein des populations ou entre les populations et les autorités, initiatives qui assurent l’inclusivité, le droit de parole et la sûreté de tous et toutes y compris les femmes, les jeunes et les personnes qui se sentent exclues ou stigmatisées. S’assurer que les voix de toutes les populations puissent s’exprimer sans crainte, soient entendues et respectées dans les efforts de résolution des conflits.

Pour atteindre l’objectif de réduire les inégalités, il faut disposer de données fiables, détaillées et régulièrement actualisées sur les niveaux de revenu et de richesses au Burkina Faso. Ces données doivent également être de qualité, être communiquées à une fréquence appropriée et être ventilées sur plusieurs axes d’inégalités dans divers domaines : santé, éducation, sécurité alimentaire et nutritionnelle, travail digne ou participation politique. Le corpus ainsi collecté doit permettre de fixer des objectifs de réduction des inégalités, et d’en faire un suivi à la hauteur des enjeux.